Depuis seize jours que le scandale de photos explicites impliquant Edison Chen, chanteur, acteur, idole, et des artistes féminines très connues de Hong Kong fait rage dans le monde sinophone. Vancouverois d’origine, Chen, 27 ans, se serait fait subtiliser des photos et vidéos de son Macbook rose lors d’une opération d’entretien. D’une certaine manière, il a confirmé que c’était bel et bien ses photos en postant une vidéo la semaine dernière sur son blogue personnel (en anglais bien West Coast).
Mon site favori de nouvelles traduites en anglais, ESWN, couvre admirablement bien ce que les médias sinophones racontent sur le scandale. Dans ses mots, l’auteur du blogue, Roland Soong, un résident de Hong Kong qui a vécu 32 ans auparavant aux États-Unis, décrit comment même la crise du SRAS en 2003 n’avait pas réussi à monopoliser une si grande attention médiatique. Depuis seize jours consécutifs, le scandale fait la une des grands journaux de Hong Kong.
Dans les médias locaux, on est loin de faire dans la critique vide. Un éditorial publié dans le Apple Daily, genre de Journal de Montréal avec une certaine crédibilité journalistique, et s’accaparant le deuxième rang au niveau des copies vendues à Hong Kong, fustigeait la starlette Gillian Chung du duo pop Twins (à gauche sur la photo) pour ses prises de position pour la chasteté, pendant qu’elle se retrouvait les quatre fers en l’air avec Chen. L’auteur tente de démontrer que la vie privée des personalités publiques devenait l’affaire de tout le monde au moment où ils utilisent leur célébrité pour faire avancer des idées sur la place publique, comme c’était le cas de Chung.
Cette sorte de réaction n’est sans trop se rappeler l’affaire du « Très jaune, très violent », alors qu’une étudiante du secondaire déclara cela sur les ondes de CCTV à propos de choses qu’elle aurait trouvé sur le web. Une foule netcitoyenne hostile s’était soulevée, écorchant à la fois la jeune fille de façon sauvage, mais également la culture de l’aseptisé qui domine la société chinoise. Chung déclairait être « Très naïve, très stupide » lors de sa première apparition en public depuis que l’affaire n’éclata. À la différence que ce qu’on discute surtout en ligne, dans les médias non officiels en Chine, à Hong Kong, on se permet de le faire au grand jour.
Ce n’est pas tellement que les Chinois sont plus prudes ou quoi que ce soit, mais bien que tout le monde est aussi sensible à l’hypocrisie, qu’on soit en Amérique ou en Chine. Britney Spears vs. Paris Hilton : l’une de ces carrières vole plus haut que l’autre.
Si cette histoire intéresse tellement de gens, c’est bien sûr d’abord et avant tout parce que le sexe, ça vend, surtout quand c’est des célébrités. Mais si on découvre qu’Edison Chen était de connivence avec la publication des photos, alors on pensera que c’est un autre Chinois d’outre-mer (comme Daniel Wu, avec Heavenly Kings) complètement tanné de vivre dans le monde super-photoshoppé du divertissement populaire de Hong Kong.