Bon, ça n’arrive pas très souvent que des sujets d’actualité au Québec viennent (encore) me chercher, mais la récente controverse soulevée par Jacob Tierney, réalisateur de The Trotsky et Montréalais anglophone, en tout cas m’a fait réagir tous mes réseaux sociaux (en lisant le dernier Urbania). Le bal a débuté dimanche, lorsqu’en entrevue à La … Continue reading “Merci Jacob Tierney, et permets-moi d’ajouter mon grain de sel”
Bon, ça n’arrive pas très souvent que des sujets d’actualité au Québec viennent (encore) me chercher, mais la récente controverse soulevée par Jacob Tierney, réalisateur de The Trotsky et Montréalais anglophone, en tout cas m’a fait réagir tous mes réseaux sociaux (en lisant le dernier Urbania).
Le bal a débuté dimanche, lorsqu’en entrevue à La Presse à Los Angeles, Jacob Tierney lance « Les anglos et les immigrants sont ignorés » (voir lien). Plus tard, il en rajoute, et Marc Cassivi (titrant Aveuglement volontaire) y met son grain de sel, qui contient beaucoup de bon sens.
Pendant ce temps-là, j’essaie de partir la conversation sur mon Facebook, et on me répond longuement, mais sporadiquement.
Ouais, alors mon grain de sel… Je pense qu’on le voit au cinéma, mais on le voit aussi dans toute la sphère publique de la société québécoise, que ce soit en politique, dans les médias ou ailleurs.
Si on se limite qu’au cas des Asiatiques (et même pas celui des Québécois d’origine chinoise, le cas qui m’intéresse), vous ne les voyez jamais dans une série télé, représentant un parti politique de façon sérieuse. Le Canada anglais a toujours eu quelques ministres ou secrétaire d’état d’origine asiatique dans le gouvernement (Bev Oda, par exemple, ou Raymond Chan avant chez les Libéraux).
Dans les médias radio-canadiens, oui Céline Galipeau est à moitié vietnamienne, mais on n’en a aucune idée de ça et de pourquoi elle n’en parle pas, et idem pour Natalie Chung, moitié d’origine coréenne ? Mais à quand un Andrew Chang, le anchor à CBC Montreal ? Ou bien un John Lu qui couvre les Canadiens pour TSN ?
J’ai passé deux ans à Radio-Canada(.ca) et je sais que mes anciens patrons ont essayé. Sylvain Lafrance le présentait année après année dans sa présentation annuelle, qu’il fallait être plus représentatif du Canada, en termes d’embauche de personnes de couleur (je paraphrase, mais c’est ce que j’ai compris). Il y a des gens payés par la CBC/Radio-Canada pour des projets de diversité. Du côté français, je connais pas la personne. Mais en anglais, il s’appelle Alden Habacon et est basé à Vancouver. En plus de travailler pour la CBC à temps très plein (son bureau a été coupé presque en entier au printemps 2009), il est le fondateur du magazine en ligne SchemaMag.ca.
Je félicite aussi la société d’état pour son initiative des 32 blogueurs (dont je fais partie), qui donne un peu de couleur à Radio-Canada.ca.
Mais comme à Radio-Canada.ca ou à Cyberpresse, certaines insensibilités ou erreurs pourraient être évitées si les salles de presse étaient plus représentatives du pluralisme et multiculturalisme de notre société.
Je pense donc qu’on essaie. Mais le manque de main d’oeuvre qualifiée, est-ce que c’est aussi à cause de notre société ? Comment est-ce que ça se fait qu’il n’y a pas plus de journalistes, politiciens, activistes d’origine chinoise dans notre société ? Peut-être, je me suis dit, que c’est à cause du manque de modèles de rôle ? C’est une des raisons qui m’ont poussé à créer la section entrevues Regarde les Chinois de ce blogue, pour desservir cette jeunesse d’origine chinoise/asiatique de ma génération culturellement très québécoise.
En fin de compte, c’est peut-être une question de confiance en soi. Confiance qu’on peut accepter ceux qui arrivent avec leurs différences. Oui, je connais mon répertoire de Beau Dommage et j’aime ça quand La Rue principale est au menu de mon karaoke à Montréal, mais je préfère aussi voir mon quota de mauvais films de Hong Kong et écouter ma musique indépendante chinoise.
Depuis que je vis à Hong Kong, je trouve aussi que je cultive mon côté montréalais francophone beaucoup plus qu’avant, et que j’ai besoin de lire mes médias en ligne produits au Québec et de rencontrer mes amis Québécois exilés ici.
Je pense qu’on doit faire de la place pour des voix différentes, et pas juste dans le cinéma, mais dans toutes nos institutions publiques. Les Chinois, c’est pas juste bon pour tenir des dépanneurs, et les Viets, c’est pas juste des dentistes et médecins (LOL). S’il manque de main-d’oeuvre qualifiée en journalisme, en arts, en politique (ce que j’entends souvent en parlant au monde), c’est peut-être que les conditions ne sont pas là pour encourager les minorités au Québec à s’engager dans ce type de carrières moins concrètes. Ça prend des modèles, et ça prend des opportunités d’emploi réelles je pense.